En particulier, l’universalisme occidental a-t-il des frontières ? Dans l’Histoire, l’occident et en particulier l’Europe ont posé leur vocation à éclairer en imposant leur point de vue.
La Raison occidentale déclare la supériorité de son universalisme qu’elle oppose au particularisme des autres, aux localismes des extra-occidentaux. C’est la valorisation de ce qui peut se présenter comme universel, par exemple le rêve d’une norme universelle en termes de droits, de libertés, de canon de la beauté, etc…… Montaigne disait « On appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».
La question se pose donc de la compatibilité d’un ordre forgé par l’Occident avec des ordres locaux. N’y a à cela rien de nébuleux. C’est très concret car cela concerne des actions concrètes et des enjeux de pouvoir comme pour c’est le cas pour la légitimité des juridictions. Par exemple la Cour africaine des droits de l’homme, la Cour interaméricaine des droits de l’homme recherchent l’application des droits de l’homme adaptés selon les espaces géoculturels.
Dans le rapport entre l’Occident et l’extra-Occident, quelle est la place de l’amour du différent ? Car l’universel a des antonymes, à savoir le relativisme et l’ethnocentrisme.
L’anthropologue Claude Lévi Strauss nous éclaire notamment dans Race et histoire sur le relativisme culturel. Il nous appelle à appliquer une échelle de valeur différente pour chaque culture. Avec un cas précis, et non des moindres, à savoir le cannibalisme, il nous éclaire sur le relativisme culturel. Le cannibalisme est selon lui une pratique cultuelle, strictement codifiée, avec des critères retenus. Il n’est pas la simple ingestion de ses pairs, mais l’appropriation rituelle des qualités du défunt. Il y a donc d’autres points de vue.
- Comme le relativisme pour qui le cannibalisme ne pose pas de problème car il n’y a pas de vérité unique ; puisqu’il y a égalité entre les hommes, il doit y avoir égalité entre les visions du monde.
- Comme l’ethnocentrisme qui veut que nous sommes convaincus de la supériorité de nos propres valeurs ; « vous et moi valons mieux qu’un cannibale. »
- Comme l’universalisme qui stipule que le cannibale ne respecte pas la dignité humaine ; le corps humain n’est pas le corps d’un animal.
- En enfin, la position d’un cannibale : il pense exactement la même chose : ce n’est pas le corps d’un animal, c’est ce qui explique l’anthropophagie car il pense ingérer les qualités du défunt. Il est rapporté qu’un Yanomami a dit a un observateur occidental : « Vous mettez vos parents en terre et les vers les mangent. Vous n’aimez pas les vôtres » (un Yanomami à un observateur occidental).
En conclusion, universalisme et ethnocentrisme vont de pair et se ressemblent.
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