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Photo du rédacteurKarim Bouhassoun

Pourquoi la politique ?

La fin ultime de l’exercice du pouvoir, sa responsabilité, c’est la paix et la prospérité. Cette noble cause lui confère un devoir de domination sur les autres champs de la vie, domination qu’elle doit assumer. La politique ne peut pas être un simple invité à la table de l’influence. Tout comme il ne peut pas y avoir de pensée politique sans philosophie politique de la domination et de la gouvernance.


L’anthropologie nous permet de comprendre les sources de la division politique, et d’appréhender le pouvoir comme relation, car il n’y a de pouvoir que s’il existe une chance d’être obéi par d’autres. Pas de politique sans philosophie politique non plus. Pas de pouvoir sans ordre. Comme l’écrit Raymond Aron, la théorie « sous couleur de s’opposer à toute philosophie, pose une certaine philosophie. Elle pose une philosophie de non-sens au lieu de poser une philosophie du sens, elle pose que le sens de la politique c’est la lutte et non pas la recherche d’une autorité justifiée. »





La politique doit poser des questions, les débattre. Et plus que jamais apporter des réponses aux problèmes des gens.


Le souverain doit donc s’imposer, donner le rythme et le sens du monde et agir pour réguler. En prenant en compte l’état du corps social et en composant dans le dialogue ou par la contrainte. La politique n’est pas une option de vie parmi d’autres. C’est la fonction sociale par excellence. Il est souhaitable que, comme la nature, elle ait horreur du vide. Elle n’est pas une simple « fonction organique » parmi d’autres, car c’est à la fois chaque organe pris séparément et l’ensemble du corps social. Ce n’est pas une spécialité mais un art total, social.


L’engagement politique doit donc relever en réalité de ce que le philosophe américain contemporain John Rawls appelle une « doctrine compréhensive »[1] – un référentiel de valeurs qui s’articulent avec une certaine cohérence propageant une certaine vision du monde –, d’une pensée globale, d’une philosophie qui a vocation à se confronter et à s’imposer au monde réel. Cet idéal métaphysique n’a rien de religieux. Il s’agit du questionnement sur la fin. Et la fin en politique, la fin ultime, c’est que l’engagement individuel et collectif reposent sur une philosophie qui doit se doter des moyens de changer le monde et pas seulement de le commenter ou de l’effleurer. Le savoir doit s’imposer par le pouvoir. On retrouve cette thèse du rapport entre savoir et pouvoir au cœur de l’héritage philosophique de Thomas Hobbes, dont l’immense œuvre Le Léviathan constitue un des piliers de la philosophie du contrat[2].


[1] Voir Rawls, John, Théorie de la Justice, Paris, Seuil 1997.

[2] Hobbes (Thomas), Léviathan ou Matière, forme et puissance de l'État chrétien et civil, Gallimard, Collection Folio Essais, Paris, 2000.


Retrouvez ici le blog de Karim Bouhassoun sur le site de Mediapart

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